Municipales : les serres de Pellan réchauffent la campagne
LE TELEGRAMME - Publié le 22 mai 2020 à 17h08 - Guirec Flécher
Le projet vise à la construction de deux serres en verre afin d’y produire des tomates hors sol et sans pesticide, pour le compte de Savéol. Deux candidats s’y opposent, Marc Bigot ne pouvant donner son avis compte tenu de son poste d’adjoint à l’urbanisme. (Photo : Eugène Le Droff)
Le 2nd tour des élections municipales devrait bien avoir lieu le 28 juin. De quoi relancer la campagne électorale chez les candidats concarnois, qui donnent, aujourd’hui, leur avis respectif sur le projet de serres industrielles à Pellan.
Elisabeth Janvier, « Concarneau solidaire et durable »
« Lors du débat animé par Bretagne Transition le 3 mars, nous nous étions étonnés que M. Bigot nous dise qu’il ne pouvait pas transmettre d’éléments sur ce dossier à cause de l’instruction alors, que de l’autre côté, le rapport de la Mission régionale environnementale (MRAe) était public [rapport demandant aux porteurs de projet de compléter l’évaluation environnementale des serres, NDLR]. Quelle information a la population ici ? Nous n’envisageons pas de construire des projets de cette manière avec les habitants. C’est le degré zéro de la concertation ».
« Sur le plan environnemental, il va y avoir des impacts très importants : artificialisation des terres, importante alimentation en eau, suppression des haies existantes, augmentation du trafic routier… Nous voulons également nous engager vers le zéro déchet, or l’énergie sera fournie par l’usine d’incinération. Avec ce projet de serres, on est dans un objectif de pérennisation de cette énergie, ce qui nous paraît complètement contradictoire ».
« Concernant le modèle économique, on sait très bien que les emplois seront très précaires. On nous annonce 120 emplois, alors qu’il y aura 40 en équivalent temps plein. Ce n’est pas ce modèle que nous souhaitons valoriser pour le territoire ».
« Ce projet de serres est en contradiction avec tous les schémas d’orientation élaborés par CCA, comme le Plan climat air énergie territorial ».
Antony Le Bras, « Concarneau avec vous »
« Le développement de l’activité économique et de l’emploi a toujours été notre priorité. Il l’est encore plus aujourd’hui, au vu de la crise qui s’annonce. Notre décision sur les serres de Pellan est avant tout pragmatique. Nous regrettons au passage que les Concarnois soient peu informés sur ce sujet par la municipalité et CCA, dont le duo Bigot-Besombes ».
« Après avoir longuement analysé le rapport bénéfice-risque avec notre équipe, nous émettons un avis défavorable. L’argument de l’emploi est en trompe-l’œil : sur la centaine d’emplois, ils seront réduits à 40 en équivalent temps plein et il s’agira d’emplois saisonniers, occupés par de la main-d’œuvre étrangère ».
« Sur l’approvisionnement en eau, où Concarneau est très fragile l’été, les serres seront très consommatrices et seront implantées tout près des zones de captage. Enfin, nous sommes dans un objectif de réduction des déchets à l’usine d’incinération, les volumes vont logiquement diminuer grâce aux efforts de tous. Il ne faudrait donc pas rendre l’incinération de déchets indispensable à la production de tomates. C’est un non-sens ».
« Quand on regarde ce projet, on se rend compte qu’il est contre-cyclique : il nécessite beaucoup d’eau en été quand les réserves sont au plus bas et au contraire, ça nécessite de chauffer les serres en hiver alors que la production de chaleur est au plus bas à cette période dans l’usine d’incinération ».
Marc Bigot, « Mon parti c’est Concarneau »
« En tant qu’adjoint à l’urbanisme, ce dossier est, jusqu’à nouvel ordre, instruit sous mon autorité. Je ne peux pas à la fois suivre ce dossier et, dans le cadre des municipales, donner mon avis. J’ai une obligation de réserve, comme me l’impose la loi. Je rappelle que tout le monde peut déposer un permis de construire et que les collectivités ont obligation de l’instruire. Il nous arrive parfois d’en refuser, certains ne s’inscrivant pas dans les documents d’urbanisme de la commune ».
« Pour ces serres, les sociétés Garlodic et Hirondelles ont déposé des permis en mairie le 19 décembre. Dès ce dépôt, tous les acteurs pouvant émettre un avis sur ce dossier ont été sollicités. La Ville a, elle, sollicité la Mission régionale environnementale. Son avis, rendu courant mars, invite les porteurs du projet à modifier l’étude d’impact pour compléter l’évaluation environnementale. Ils peuvent le faire jusqu’au 28 juin ou 8 juillet ».
« Tous les services qui pouvaient être sollicités l’ont été ou vont l’être dans le cadre de cette instruction, avant de parvenir à l’enquête publique qui arrivera en conseil municipal. Quel que soit l’adjoint aux manettes après les élections, ce sera exactement la même procédure ».
« À écouter certains, j’ai l’impression que le dossier pourrait être signé dans la précipitation ou avant une échéance. Mais c’est archi-faux, ce n’est pas comme ça que les choses se passent, c’est très cadré ».
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